Initiation à la peinture sur soie

Pour commencer cette aventure au pays de la soie, il faut connaître quelques techniques de base. Dans un premier temps, nous allons prendre contact avec la couleur, c’est l’élément le plus attractif de la soie pour sa vivacité de rendu.

Explorons les bleus, les verts, les jaunes… Toutes ces couleurs sont la base de toute « patouille » avant d’aborder les différentes techniques. Au début, inutile d’acheter une foule de couleur, avec 7 couleurs de bases, vous pouvez commencer !

ALLEZ, C’est parti, on patouille !!! Ah oui, petit conseil si vous ne pouvez pas travailler avec des gants (c’est mon cas), comme ces peintures sont très « attachantes« , je me « détache » les mains avec de l’eau javellisée puis au savon noir en finissant avec une petite crème adoucissante.

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Tableau des couleurs de base :

couleurs soie

LE NUANCIER

Pour vous familiariser avec la couleur, je ne saurais que trop vous conseiller de vous faire un nuancier. Le nuancier sera un aide mémoire très utile, et si vous manquez momentanément d’inspiration, il pourra vous guider dans le choix d’une couleur et vous dépannera aussi pour les recherches d’harmonie.

Dans un premier temps, il vous faut préparer un mélange d’eau et d’alcool, appelé 50/50, qui se compose comme il se doit, de la moitié d’eau et de la moitié d’alcool à 95° . On n’utilise jamais la couleur pure, il y a toujours à la base un mélange couleur + 50/50.

Pour réaliser le nuancier, on va tracer un tableau avec autant de cases qu’il y a de couleurs. le tableau suivant se compose de 6 couleurs. Méthodiquement, on ajoute couleur et 50/50 dans les proportions exactes indiquées. Bien suivre les directives dans chaque case et facilitez-vous la vie en utilisant un compte – goutte.

nuancier

BON COURAGE ! c’est long, c’est vrai, mais tellement pratique par la suite et après un nuancier à 6 couleurs, peut-être un nuancier à 10 ? 12 ? Et il ne faudra pas oublier d’étuver ! Pas de panique, je vais TOUT vous expliquer en détail.

Il n’est pas inutile de réaliser 2 nuanciers identiques en même temps, le premier restera sous forme de cadre avec les indications et le deuxième peut-être découpé par carreaux de chaque couleur et mis dans une boite. Lorsque vous aurez à déterminer  vos couleurs, votre choix en sera facilité. Vous aurez à la fois les échantillons pour rechercher vos harmonies et le référentiel vous donnant les mélanges à respecter pour retrouver la couleur désirée.

Mais avec quel matériel ?

En dehors de la soie, de quoi avons nous besoin pour démarrer ces « expériences » ?

  • de la peinture étuvable classique pour soie et laine fixable en étuve (cocotte minute)

peinture soie

  • ou de la peinture thermofixable pour soie laine, coton et lin (au fer à repasser ou dans votre four)

peinture thermofixable

les couleurs de base :

  • un cadre et quelques punaises pour tendre la soie. Il existe aussi des cadres à picots, à griffes. Pour bien tendre la soie, il faut prendre un des bord du cadre avec le tissus côté liserai pour être certain d’être dans le sens du fil et droit ! (si ça se complique un peu trop, on travaille pour que bientôt soit disponible une vidéo). On punaise au centre et on va vers l’angle du cadre en tirant bien la soie et en posant une punaise tout les 2 cm. On fait de même sur le côté suivant puis, pour les côtés opposés, on tend la soie en commençant par le bord et en tirant bien. N’ayez crainte, la soie est plus solide que l’on croit ! On doit obtenir un vrai tambour !!!

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  • pinceaux, pipettes et petits pots (genre petits pots miniatures de confiture

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  • de la gutta, sorte de gomme liquide provenant du latex de certains arbres de l’archipel malais. Appelée colle à sertir, elle se dilue dans de l’essence F. Avant chaque utilisation de la gutta (penser à sa préparation de préférence la veille),on mélange bien l’ensemble. la bonne dose pour diluer la gutta est d’ajouter 3 à 5 % d’essence F. Et surtout bien mélanger !  Une gutta bien diluée a une consistance sirupeuse et s’écoule en un mince filet régulier. On utilise une pipette, récipient avec un embout en fer pour tracer les lignes de notre tableau de nuancier et pour dessiner. Après chaque fin d’utilisation, avant de quitter l’atelier, ne pas oublier de faire tremper l’embout dans de l’essence F afin d’éviter qu’il ne se bouche.

Pour réaliser le nuancier ou un dessin, on trace ou on reproduit son dessin à l’aide d’un crayon de papier (qui sera toujours visible, il faudra bien passer par dessus la gutta pour le rendre invisible) ou à l’aide d’un crayon qui se dilue à l’eau.

ATTENTION, on  dessine avec le crayon qui se dilue à l’eau QUE ce qu’il sera possible de reprendre à la gutta le jour même, sinon SURPRISE, avec l’humidité de l’air cela s’efface et il n’y a plus rien ou alors que quelques traits légèrement visibles le lendemain !

Il faut passer très délicatement le trait de gutta. Attention à bien fermer les contours. Le moindre fil non serti laisse irrémédiablement passer la couleur.

Voilà une première étape, vous savez monter votre cadre, tendre la soie, dessiner ou écrire avec de la gutta, préparer vos couleurs !!! Y’a pu Ka !!!!!

ÉTUVAGE ET ENTRETIEN

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Les couleurs pour la soie doivent être fixées à forte température en étuve. Elles retrouveront leur luminosité et leur éclat et résisteront aux lavages auxquels les soies seront soumises.

S’il faut prendre beaucoup de précautions avec les soies non fixées qui risquent d’être irrémédiablement tachées par la moindre goutte d’eau, après fixation l’entretien des soies fixées est extrêmement simple :

Lavage à l’eau tiède savonneuse, rinçage avec de l’eau vinaigrée, rinçage à l’eau claire, essorage léger dans une serviette puis repassage de la soie encore humide au fer à repasser chaud (moyennement chaud pour les sertis à la gutta, celle-ci fond à la chaleur et accroche au fer.

La fixation se fait chez un spécialiste mais, vous pouvez la faire vous-même si vous possédez une étuve ou une Cocotte-Minute.

Au départ le procédé est le même : étaler la soie sur une feuille de journal ou de kraft et l’enrouler, sans faire de faux plis. Attention, prendre des journaux anciens pour que l’encre typographique soit bien sèche. A la fin, faire plusieurs tours de papier à vide pour bien protéger la soie. Fermer hermétiquement le rouleau avec un adhésif d’emballage.

La Cocotte-Minute a son mode d’emploi bien précis :

  1. Verser 1,5 cm d’eau dans la cocotte
  1. Habiller le panier vapeur d’un papier aluminium, y déposer soigneusement le rouleau enroulé sur lui-même comme un colimaçon
  1. Recouvrir d’une feuille d’aluminium en assemblant hermétiquement les bords avec le fond d’aluminium tapissant le panier, à la façon d’une tourte.
  1. Poser dans le fond de la cocotte un ramequin, suffisamment haut, qui isolera le panier vapeur de l’eau bouillonnante
  1. Fermer la cocotte, cuire 50 mn après le début de la rotation de la soupape.
  1. Après chaque étuvage, rincer la soie sous l’eau froide pour faire dégorger les excédents de couleur. Rouler dans une serviette pour essorer. Repasser.

Quand on a la chance d’avoir un bricoleur dans son entourage, voilà l’astuce de création d’une étuve « maison » c’est mon mon papa qui l’a fait !

En premier, pour la production de la vapeur, il faut acheter ou récupérer une décolleuse à papier peint. il nous faut ensuite canaliser la vapeur vers un tube de préférence en acier (style tuyau de conduit de cheminée). Ajouter un capuchon sur le dessus pour empêcher la vapeur de s’échapper. Mais ATTENTION,  il faut également empêcher la condensation produite de s’écouler sur la soie, on canalise avec un simple entonnoir l’eau produite vers la paroi.

Mode d’emploi d’une étuve verticale :

  1. Verser de l’eau dans le réservoir de l’étuve
  1. à plat commencer par mettre deux feuilles de papier kraft puis, superposer les différentes soies à étuver en intercalant avec une feuille de papier kraft. Il est possible d’utiliser le papier journal mais attention il faut que l’encre soit bien sèche sinon l’article se retrouvera sur votre soie de façon définitive !
  1. sur le dessus remettre deux feuilles de papier kraft puis enrouler le tout sur le tube central de l’étuve. Le papier kraft peut être réutilisé.
  1. bien scotcher avec de la bande adhésive (scotch marron) le papier kraft en insistant sur les extrémités.
  1. mettre en place, bien positionner l’entonnoir et étuver pendant 1 heure.
  1. Après chaque étuvage, rincer la soie sous l’eau froide pour faire dégorger les excédents de couleur. Rouler dans une serviette pour essorer. Repasser.

OUF ! On peux passer aux techniques !!!

vous savez presque TOUT, reste l’entrainement… Mais se tromper c’est apprendre ! et franchement, il y a des jours où tout va bien se passer et d’autres… mais les résultats sont tellement BEAUX que l’on  recommence cette aventure avec grand plaisir.

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Nous allons voir en premier des techniques superbement facile, peu de couleurs, peu de matériel, c’est la « vrai patouille » ! par contre, à chaque fois que vous travaillez la peinture sur soie, bien couvrir le plan de travail, voir le sol, les murs (…) pour éviter les taches indélébiles sur le sol, (les murs…), sans oublier les vêtements !!!! Ce sont des peintures très attachantes comme je vous l’ai dit pour les mains. Et très difficile à enlever par la suite, mais quelles couleurs !

 EFFET DE FLOU

Superbe technique pour réaliser des écharpes

Prendre 3 à 4 couleurs et du mélange 50/50. La soie est positionnée sur un plastique, légèrement chiffonnée. On prépare un pinceau mousse dans chaque couleur pour effectuer rapidement des effets. Pour un meilleur rendu, ne pas utiliser de couleur pure, mélanger à la couleur du 50/50 pour que la vivacité soit un peu estompée et obtenir ainsi des tons pastels.

Effectuer des grandes touches des couleurs en aplat ou en pluie, puis on se lâche et on éclabousse irrégulièrement avec du 50/50 pour que la soie soit trempée. Et voilà, c’est fini ! x) On laisser sécher sur place : les teintes seront plus fondues.

LE SEL

Bien tendre la soie sur le cadre, appliquer une ou plusieurs couleurs et parsemer de sel fin ou gros sel sur toute ou partie de la surface. Laisser sécher doucement à plat. Plus le temps est sec et beau, plus rapide et spectaculaire est le résultat.

L’ALCOOL

Bien tendre la soie sur le cadre, appliquer une ou plusieurs couleurs.

1ère variante : Laisser sécher doucement à plat, une fois la soie bien sèche, appliquer à l’aide d’un pinceau des taches de mélange 50/50 avec éventuellement un peu de couleur très diluée.

2ème variante : Sur la soie encore humide et bien couverte des couleurs désirées, sans qu’il y ait de mélange entre elles, ajouter par jets du 50/50 pour obtenir des taches et une dilution entre couleur et 50/50.

Il est possible au final d’ajouter de l’alcool pour rehausser certains effets.

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LE SIROP DE SUCRE

Préparer un mélange de 1 verre de sucre pour un verre d’eau, faire cuire jusqu’à obtenir un sucre « petit boulé ». Le petit boulé est atteint lorsque l’on prend avec une cuillère du sirop et qu’il s’écoule par gouttelettes.

Bien laisser le sirop refroidir, cette préparation s’effectue généralement la veille.

La technique avec le sucre est la même que pour le sel, la différence étant dans la réaction de la couleur au sucre. Autant le sel repousse la couleur, autant le sucre permet des mélanges plus subtils qu’avec l’alcool. En première expérience je vous conseille de mettre en bande irrégulière et côte à côte du  marron et du jaune d’or et de déposer délicatement sur toute la hauteur une bande de sucre. Attendre le lendemain pour juger de l’effet.

Sinon, la démarche reste la même, bien. tendre la soie sur le cadre, appliquer par endroit du sirop de sucre, ajouter de part et d’autre de la couleur et laisser sécher doucement à plat.

 COULEUR COULÉE

Prendre 3 à 4 couleurs, attention au noir très couvrant et se rappeler que le blanc c’est le blanc de la soie. Préparer son mélange 50/50 et une fois que la soie est bien tendue sur le cadre, on pose celui-ci à la verticale. Il y a un pinceau mousse dans chaque couleur  pour effectuer rapidement des effets.

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Effectuer des coulures de couleurs rehaussées d’un trait noir par endroit et diluées avec du 50/50 à d’autres endroits.  Accélérer le séchage au sèche-cheveux, en balayant l’ensemble du travail, pour éviter que les couleurs se fondent entre elles pendant un séchage trop lent.

LA CIRE ET LA PARAFFINE

Cette technique se travaille à chaud, c’est à dire qu’il est essentiel de pouvoir chauffer la cire ou la paraffine !

Si vous ne possédez pas de chauffe-cire, faites chauffer la cire ou la paraffine dans un bain-marie constitué de deux casseroles ou d’une boîte de conserve et d’une casserole. Il est également possible de faire fondre la paraffine au micro-ondes ou utiliser un chauffe petit pots.

Il faut des brosses à poils durs et longs (soie de porc) supportant la chaleur pour l’application de la cire et de la paraffine. Choisissez-les plates pour les grandes surfaces (n°12 et n°20), rondes et bien pointues pour les détails (n°8 et n°16), en éventail pour les balayages légers (n°8)

Prendre éventuellement un tjanting . C’est un petit réservoir en cuivre à un ou plusieurs becs avec un manche en bois, qui nous vient tout droit d’Indonésie.

La paraffine

Paraffine en poudre, bloc de paraffine à confiture, il faut la faire fondre dans un bain-marie à température douce.

Surchauffée la paraffine fume, dégage une odeur désagréable et risque de s’enflammer. A l’usage, elle perd son imperméabilité.

Chauffée à bonne température, elle est liquide et dépose sur la soie un film transparent, traversant bien les fibres et les recouvrant de part en part.

La paraffine trop froide forme une traînée blanchâtre, peu adhérente, accrochant seulement la surface. En retournant le cadre vous verrez que les fibres ne sont pas toutes enveloppées de ce film protecteur sur l’envers. Elle craquera à la première pression sur le tissu et ne supportera pas les différents passages de couleurs nécessaires pour la réalisation du travail. Les retouches se font à l’envers.

La cire et son tjanting

On peut utiliser la cire de chez un apiculteur (dégage un parfum agréable en chauffant ) ou la cire synthétique en pain.

A bonne température, elle est transparente et claire. Dès qu’elle commence à refroidir, elle se fige en traînées jaunâtre. Les problèmes d’utilisation d’une cire mal chauffée sont identiques à la paraffine.

La cire pure n’est employée que pour un travail du tjanting. Elle doit s’écouler du bec en petites gouttes rapides.

Lorsque la cire est fondue, plongez le tjanting dedans, attendez une ou deux minutes que le cuivre chauffe, sortez-le et vérifiez la température en déposant une goutte de cire sur la soie :

  1. Si elle devient « laiteuse » en se figeant, la cire est trop froide
  2. Si elle s’étale en pénétrant dans le tissu, la cire est trop chaude
  3. Si elle a bien pénétré la soie sans trop s’écraser et prend une belle teinte dorée en refroidissant, c’est bon

Techniques de travail

On procède par passage de fonds de différentes couleurs en commençant par la plus claire. Laissez bien sécher la soie. Faites les réserves de cette couleur en la couvrant avec la cire ; passez la cire par bandes en appuyant franchement sur la soie, une seule couche suffit si votre cire est à bonne température. Dès que vous avez terminé ces premières réserves de cire, vous pouvez passer la seconde couche de couleur. La cire refroidit  instantanément sur la soie.

Vous continuez ainsi tout le travail jusqu’à la dernière couleur, qui sera aussi la couleur la plus foncée.

Une fois le travail étuvé, Enlevez la cire en frottant la soie entre les mains puis en la repassant entre de vieux journaux.

LA GUTTA

Et enfin le travail à la gutta ! Dernière méthode à acquérir et nous voilà avec un ensemble de techniques qui peuvent nous amener à de belle réalisations. Eh oui, on peut dans un même tableau utiliser le sel, le sucre, l’alcool, etc. dans chaque partie clivée par la gutta !

regarder ci-dessous cette inspiration  « MUCHA » dessiné et peint par Cécile

Le dessin a été tracé au crayon à papier sur toute la soie et chaque trait a été recouvert de gutta noire. La gutta est généralement transparente, elle se trouve en noire et en plusieurs couleurs mais, on peut aussi y ajouter nos propres colorants ou encore des paillettes. Toujours bien mélanger avant de tracer son trait et commencer en dehors de la soie pour éviter une boule de gutta au départ. C’est une question d’entrainement et …. de jour !

Avant de commencer à mettre en couleur son dessin, bien regarder par transparence, au jour ou à la lumière pour vérifier que la gutta est régulièrement répartie et si besoin en remettre pour éviter toute mauvaise surprise. On peut mettre la soie contre la fenêtre, comme un papier calque, pour regarder par transparence.

Ensuite, mettre en couleur en s’aidant du nuancier. Il est possible d’obtenir un dégradé de couleur en posant la couleur sur un bord et en ajoutant du 50/50 avec un pinceau propre. Ne pas oublier que pour obtenir des effets, on peut utiliser le sel, le sucre, etc. (toutes les techniques citées plus haut).

Laisser sécher doucement à plat, hors de portée des enfants, et surtout des chats ! Les cadres en soie sont de superbes hamacs !!!!

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